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La guillotine.
Dix-sept ans ! À peine…
Trop tôt pour mourir.
Comme un outrage à la dignité humaine, un doigt d'honneur à la vie, elle trône au milieu de la cour…
visible des cellules alignées dans le couloir de la mort. Torture supplémentaire.
En octobre 1980, Jeff Petitbois est condamné à mort pour le meurtre de douze personnes. Enfermé jusqu'au jour de son exécution, il vit dans l'attente de celle-ci sans en connaître le jour. Il sait simplement qu'on viendra le chercher tôt le matin. Il sera encore endormi. On ouvrira rapidement la porte de sa cellule et avant qu'il réalise quoi que ce soit, les gardiens le sortiront de sa couche, le saisiront sous les bras et l'amèneront dans le couloir. Au bout de la coursive, on l'assiéra de force. Mains menottées, il pourra fumer et boire un verre d'alcool. À la dernière gorgée, l'heure sera venue. Le bourreau sera à ses côtés. On lui coupera les cheveux dans le cou et on découpera sa chemise pour dénuer le haut de son dos.
Aura-t-il la force de hurler ? Les mains attachées dans le dos, deux hommes ne seront pas de trop pour le forcer à s'allonger sur le ventre, dans la gouttière face à la lame. Des lanières de cuir le ceintureront. Il devra être immobile. Pas question de rater la coupe.
L'attente est longue, le moindre bruit le fait sursauter.
Pourtant les jours passent et Jeff est toujours en vie, car la peine de mort a été abolie. Jeff est sauvé mais sa peine commuée en réclusion à perpétuité. Il devient un homme oublié, abandonné. Longues seront les secondes qui s'enchaîneront sans fin. Où le mèneront-elles, lui qui n'a pas d'autre perspective que de passer sa vie en prison en ressassant ce qui l'a conduit ici, de sa rencontre avec Max à sa première prise d'Iboga ?
Après des études de sociologie, Christian Blanchard, d’origine bretonne, a passé vingt-cinq ans au sein d’une institution publique. Il se consacre aujourd’hui à l’écriture.